A06 : Plantes messicoles du territoire du Parc
Contexte
Le territoire du Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale recèle une diversité de milieux façonnés par les activités humaines. Parmi ces milieux, les zones d’openfield abritent des plantes remarquables appellées messicoles : ce sont les plantes associées aux moissons. Ces 30 dernières années, l’intensification des pratiques agricoles a conduit à une régression importante des populations de la plupart de ces espèces. Dans ce contexte, un Plan National d’Actions en faveur des plantes messicoles a été établi afin de conserver et restaurer les populations des espèces identifiées en associant de nombreux partenaires. Le syndicat mixte du Parc a souhaité s’inscrire dans cette démarche en proposant en 2012, un programme d’actions à l’échelle de son territoire en partenariat avec le Conservatoire Botanique National de Bailleul (CBNBL). L’objectif était d’améliorer la connaissance des populations des plantes messicoles du territoire et d’assurer un suivi des espèces patrimoniales. Pour cela, un état des lieux de la flore messicole a été réalisé et des expérimentations ont également été mises en place et concourent à la sensibilisation des acteurs de la profession agricole. Ces actions convergent vers la préservation des populations des plantes messicoles du territoire. En reprenant cette thématique dans son observatoire, le syndicat mixte du Parc souhaite assurer un suivi des stations chaque année, cela en collaboration avec le CBNBL.
Fiche mise à jour le ”25-10-2017” / Fiche révisée 3 fois
Methodologie
Un état des lieux de la flore messicole sur le territoire du Parc a été dressé en 2012, ce qui a permis d’identifier 5 espèces patrimoniales messicoles à suivre en priorité (Cf.Tableau 1)
Cet inventaire a surtout permis de localiser plusieurs parcelles agricoles à enjeu pour les plantes messicoles dans le nord du Boulonnais. Un secteur est particulièrement ressorti de ce travail : le Mont de Sombre sur la commune de Wissant. Ce site a été défini pour l’expérimentation d’un semis de 4 espèces : le Bleuet, le Gremil des champs, le Peigne de Vénus, la Spergule des champs. Les semis ont été réalisées sur des 3 parcelles, deux de 300m² et une de 400m², grâce au volontariat d’un agriculteur, où des itinéraires techniques et un assolement différents ont été appliqués. Le suivi a été réalisé chaque année avec un protocole standardisé. Des quadrats de 50 x 50 cm sont disposés le long d’un transect dans une bande de la parcelle en expérimentation. Le nombre de pieds des espèces semées est noté ; l’abondance et le recouvrement de la totalité des espèces présentes dans le quadrat est également pris en compte.
Résultats
Les études conduites en 2012 et 2013 avaient permis de localiser de nombreuses stations de ces espèces patrimoniales. A l’échelle du Parc, 40 stations de Chrysanthème des moissons ont été repertoriées, 15 stations de Peigne de Vénus, 10 Stations de Spergule des champs et 5 stations de Grémil des champs. Le Bleuet des champs n’a pas été recensé, confirmant ainsi sa disparition sur le territoire.
La plupart des espèces ont été inventoriées sur des surfaces souvent réduites en bordure de champs comme pour la Petite spéculaire (Legousia hybrida), ou le Grémil des champs (Lithospermum arvense), malgré l’effort de prospection conséquent pour ces espèces.
En 2015, les résultats de l’expérimentation des semis sont contrastés. Sur une parcelle associée à une culture de blé, le Bleuet s’est très bien développé pour atteindre l’objectif de densité avec 270 pieds. Par ailleurs, sur cette parcelle, 44 pieds de Grémil des champs (Lithospermum arvense) ainsi qu’environ 200 pieds de Peigne de Vénus (Scandix pecten veneris) ont été observés. Sur l’autre parcelle en culture de colza, le Bleuet s’est beaucoup moins développé, avec seulement 45 pieds, concurrencés par des graminées. Par contre, sur cette parcelle, 31 pieds de Grémil des champs (Lithospermum arvense) ont été observés. On peut également ajouter le développement de la Petite spéculaire (Legousia Hybrida) qui présentait moins de 10 pieds en 2013. Cela permet donc de préserver très localement une banque de graines intéressantes pour ces espèces. Les essais sur la 3ème parcelle en bordure de jachère n’ont pas été favorables au développement du Bleuet des champs mais l’on notera la présence de 43 pieds de Lithospermim arvense et 35 pieds de Peigne de Vénus.
On soulignera l’absence de la Chrysanthème des moissons sur les parcelles d’expérimentation. L’espèce a cependant été régulièrement observée sur la commune de Wimereux, d’Ambleteuse ou de Saint-Etienne-au-Mont. La Spergule des champs n’a pas été revue également cette année, mais a été observée sur les communes de Wimereux et de Saint-Etienne-au-Mont en 2015.
Interprétation
Les résultats de l’expérimentation mise en place depuis 2 ans sont donc satisfaisants, avec un développement marqué du Bleuet des champs et un maintien des populations sur les parcelles suite au semis réalisé. En perspective, le syndicat mixte du Parc, en partenariat avec la Conservatoire Botanique National de Bailleul (CBNBL), va poursuivre son expérimentation de semis sur d’autres parcelles pour contribuer à améliorer l’état de conservation des espèces patrimoniales messicoles sur son territoire.
Concernant les données opportunistes, elles restent peu nombreuses en 2015. Une amélioration de la vigilance quant aux messicoles serait à envisager pour améliorer la connaissance des espèces ciblées.
Enfin, la localisation des populations de messicoles en bord de champs montre le rôle clé que jouent ces écotones pour le maintien de ces espèces indissociables toutefois des pratiques agricoles employées. Ainsi, une culture de blé, qui nécessite moins de produits phytosanitaires, a permis le développement de nombreuses espèces patrimoniales tandis que la parcelle en culture de colza, où le nombre de traitement est plus important, a vraisemblablement réduit le développement des messicoles sur les bandes évaluées.
En savoir plus
- http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/planmessicoles_part1.pdf
- VALENTIN, B. & TOUSSAINT, B., 2015. – Suivi des expériences en faveur des messicoles menées par le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale à Wissant (62). Centre régional de phytosociologie / Conservatoire botanique national de Bailleul, pour le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale. 9 p. Bailleul.
- LEPAGE, Etat des lieux de la flore messicole du PNRCMO Déclinaison du PNA Messicoles à l’echelle du territoire du Parc, Rapport de Stage PNRCMO 2012.